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Élections provinciales au Québec

Survol des propositions des partis pour l’immigration et la pénurie de main-d’œuvre

L’Assemblée nationale du Québec sera renouvelée ce 3 octobre 2022 à l’issue des élections provinciales. Comme on peut s’en douter, l’immigration et la pénurie de main-d’œuvre prennent une proportion considérable en tant qu’enjeux.

Les élections générales de 2022 mettant aux prises les candidats de plusieurs partis politiques — Parti québécois (PQ), Coalition avenir Québec (CAQ), Parti libéral du Québec (PLQ), Québec solidaire (QS) et Parti conservateur du Québec (PCQ) — ont suscité, tout au long de la campagne, un débat nourri sur plusieurs sujets d’intérêt pour tous. Dans cet article nous évoquons les offres politiques des différents partis au sujet de l’immigration et de la pénurie de main-d’œuvre au Québec.

Coalition avenir Québec

Immigration – Pour le maintien des seuils

La Coalition avenir Québec (CAQ), le parti au pouvoir, entend maintenir le seuil de l’immigration à 50 000 nouveaux arrivants par an. Pour cette année 2022, le seuil des immigrants permanents avait été revu à la hausse soit 70 000 pour compenser le déficit généré les années antérieures par la pandémie liée au coronavirus. Le parti de François Legault ne faiblit cependant pas dans sa volonté d’obtenir une nouvelle entente avec Ottawa pour permettre à la province d’être plus autonome dans la gestion de l’immigration sur son territoire.

Si la CAQ souhaite garder le seuil de 50 000 personnes, elle veut offrir à celles-ci une meilleure intégration en emploi. En mars dernier, pour son quatrième budget, la CAQ a prévu pour ce volet 290,2 millions de dollars sur cinq ans, notamment pour promouvoir l’apprentissage du français, attirer en région les immigrants et accélérer le processus de traitement des demandes d’immigration au niveau du fédéral.

Pénurie de main d’œuvre – Miser sur la formation professionnelle

La Coalition avenir Québec entend s’appuyer sur la formation professionnelle pour pallier la pénurie de main d’œuvre. Augmenter de 30 000 le nombre de diplômés en formation professionnelle, qui devrait atteindre 88 000 d’ici les quatre prochaines années, développer des programmes courts avec une bourse de 2 000 $ dans neuf (9) domaines prioritaires, améliorer l’offre de la formation à distance, offrir aux jeunes du secondaire 3 la possibilité de prendre des cours de formation professionnelle en même temps qu’ils suivent leur formation générale sont autant de propositions mises de l’avant par le parti dirigé par François Legault.

Parti libéral du Québec

Immigration – L’ouverture

Le Parti libéral du Québec présente deux offres liées à l’immigration : la première consiste à une augmentation des seuils pour l’immigration, la seconde à une régionalisation de l’immigration. Le parti libéral entend en effet relever le seuil de l’immigration de 50 000 à 70 000. Cette politique d’augmentation est doublée de la régionalisation de l’immigration qui offrira l’opportunité aux régions de définir elles-mêmes leurs besoins en immigration.  Ainsi, est-ce possible d’avoir des critères bien définis d’obtention du Certificat de sélection du Québec (CSQ) pour les personnes qui désirent s’installer à l’extérieur de la région métropolitaine. Ces personnes pourront avoir leur CSQ même avec une faible maîtrise du français.

Par ailleurs, le Parti libéral entend aussi accorder une place de choix à la francisation des immigrants en région et en milieu de travail. La position est la même quant à l’arrivée des travailleurs qualifiés des secteurs de la santé et de l’éducation, ainsi qu’à l’accélération du traitement des dossiers des étudiants étrangers ayant étudié au Québec.

Pénurie de main d’œuvre – Recours à l’immigration et aux mesures incitatives

Les libéraux et leur cheffe Dominique Anglade, sont d’avis que le ratio chômeur/poste vacant n’est pas actuellement en faveur du Québec et influe négativement sur sa capacité à offrir des services sociaux de base de qualité à sa population. En conséquence, ils proposent d’avoir recours à l’immigration et à des mesures incitatives d’allègement fiscal pour avoir plus de personnes disponibles au travail.

Le Parti libéral soutient une augmentation des seuils d’immigration pour accueillir plus de main-d’œuvre à mettre au service des régions. Le parti entend augmenter aussi de 15 000 $ à 30 000 $ le seuil de revenu annuel non imposable d’un travailleur de 65 ans et plus. À ces deux mesures importantes vont s’ajouter : la suppression des cotisations du Régime de rentes du Québec (RRQ) aux travailleurs de 62 ans ou plus ; la numérisation et l’automatisation des entreprises ; la réduction des écarts de salaires entre dirigeants et travailleurs en s’appuyant sur les critères lors de l’octroi des aides financières gouvernementales.

Québec solidaire 

Immigration – Définir un nouveau paradigme

Québec solidaire (QS) dit vouloir augmenter le seuil de l’immigration permanente et rationaliser davantage l’immigration temporaire qu’il qualifie de précaire et non bénéfique à une meilleure intégration. QS propose que la province reçoive entre 60 000 et 80 000 nouveaux arrivants chaque année. Ces personnes pourront grâce à la politique de régionalisation s’établir aussi dans les régions du Québec. L’inclusion et la francisation en milieu de travail sont des axes importants de la politique d’immigration de Québec solidaire.

Les personnes qui sont déjà au Québec en tant que résidents temporaires et les travailleurs essentiels qui ont œuvré pendant la pandémie seront impactés par une approche plus holistique et par une politique plus humanisante et reconnaissante.

Pénurie de main d’œuvre – Aux côtés des travailleurs

Gabriel Nadeau-Dubois et son parti sont d’avis que l’immigration et les mesures incitatives font partie de la solution à la pénurie de main-d’œuvre. Il note qu’elles sont insuffisantes si l’approche n’est pas holistique, si elle ne prend pas en compte : les infrastructures d’accueil et les services sociaux et communautaires. Il propose en ce qui le concerne la formation en entreprise, la combinaison de la formation en milieu scolaire à l’apprentissage en milieu de travail.

La particularité de QS réside dans le fait qu’il s’attaque aux conditions de travail des employés. En ce sens, il pense faire amener progressivement les semaines de 35 heures de travail. Il souhaite également faire bénéficier dix (10) congés payés (maladie/famille), douze (12) jours fériés ainsi que quatre (4) semaines de vacances par an. Des dispositions seront mises en place pour amener les entreprises à rembourser les travailleurs qui ont dû prendre sur leurs ressources propres pour acheter des outils de télétravail.

Le Parti québécois

Immigration – Favorable à une baisse stratégique

La politique en deux volets du Parti québécois consistera à baisser les seuils d’immigration jusqu’à 35 000 nouveaux arrivants et à augmenter le budget d’intégration de 50 %. Il passerait donc de 120 millions $ à 180 millions $.

Dans le lot des nouveaux arrivants, 50 %, soit 17 500, iraient en région. Les immigrants qui vont s’installer dans la région métropolitaine doivent avoir une bonne maîtrise du français. Toutefois, le processus pour les personnes qui désirent demeurer dans les régions peut bien connaître une accélération. Chaque année ou chaque deux ans, les besoins en immigration seraient évalués et le seuil sans doute réajusté en fonction des résultats obtenus.

Dans le cadre de l’immigration temporaire, les étudiants étrangers qui ne maitrisent pas le français seront régulés de façon à ce que cela corresponde au poids des étudiants fréquentant les institutions anglophones (20 %).

Pénurie de main d’œuvre – Faire revenir les travailleurs expérimentés au travail

Pour résorber la pénurie de main d’œuvre, le chef du parti, Paul St-Pierre Plamondon, entend ramener d’ici huit (8) ans 150 000 personnes de 60 ans et plus sur le marché du travail. Cela passera par des suppressions et rabais d’imposition pour les personnes âgées de 60 ans qui souhaitent reprendre le travail. La suppression ou le rabais sera défini en fonction du niveau de leur revenu annuel. 

Le Parti conservateur du Québec

Immigration – Une démarche beaucoup plus culturelle

Le Parti conservateur préfère le maintien des seuils d‘immigration à 50 000 nouveaux arrivants par an. Mais ceux-ci seront sélectionnés en fonction de leur connaissance du français et de leur « compatibilité civilisationnelle ». Le parti souhaite prendre le contrôle de tous les programmes d’immigration fédéraux en même temps qu’il veut limiter le regroupement familial aux parents qui veulent parrainer leurs enfants mineurs.

Le Parti conservateur d’Éric Duhaime, s’il est élu, va mettre en place un guichet unique pour la francisation des membres d’une famille immigrante. Un programme obligatoire de francisation de 30 à 72 semaines sera également mis en place pour les immigrants ayant une faible maitrise du français. Il aura l’avantage d’initier les nouveaux arrivants à la culture, valeurs, réalités et institutions québécoises.

Pénurie de main d’œuvre – L’automatisation et la rétention des résidents temporaires

Pour le moment, la politique du Parti conservateur consiste à faire baisser la demande de main-d’œuvre en faisant recours à l’automatisation et à la robotisation des entreprises. Il encouragera aussi à une augmentation de la natalité pour le rajeunissement de la population et la disponibilité d’une main-d’œuvre locale pour le futur.

Pour mettre davantage à contribution les étrangers, le parti propose de modifier le programme de prêts et bourses afin de ne plus pénaliser les étudiants qui travaillent. Si le parti est élu, les travailleurs étrangers temporaires pourraient compter sur lui pour aller vers une réduction des délais de traitement des dossiers pour l’obtention du statut de résident permanent.

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